Pour la déclinaison de la charte graphique, on doit garder en tête les règles suivantes :
Pour le digital, travaillez et livrez en RVB (idéalement sRGB, avec options Display‑P3 quand c’est pertinent, et des solutions de repli).
Pour l’impression, exportez en CMJN avec un profil ICC adapté (ex. PSO Coated v3 / FOGRA51) et validez par épreuve (soft‑proofing + bon à tirer).
Autrement dit : RVB pour les écrans d’ordinateur, CMJN pour le papier, avec une charte qui documente les deux déclinaisons et leurs règles d’usage.
Sommaire
- RVB ou CMJN ? La règle d’or (et ses nuances)
- Pourquoi les deux mondes diffèrent : synthèse additive vs soustractive
- Méthode Moiré : déclinaison charte graphique en 6 étapes
- Cas d’usage : que choisir pour cartes de visite, réseaux sociaux, écrans d’ordinateur…
- Bonnes pratiques techniques (profils ICC, image mode, accessibilité)
- Erreurs fréquentes à éviter
- Checklist opérationnelle
- Sources
RVB ou CMJN ? La règle d’or (et ses nuances)
Digital : RVB (rouge, vert et bleu). Le sRGB (standard Red Green Blue) est l’espace colorimétrique de référence du Web. Il alimente l’affichage des couleurs sur la majorité des écrans d’ordinateur (écrans d ordinateur) et navigateurs. Sur les appareils récents, vous pouvez exploiter un gamut plus large (Display‑P3) via CSS color() en prévoyant des alternatives sRGB.
Print (impression) : CMJN (cyan magenta jaune et noir). C’est le mode colorimétrique utilisé en imprimerie (quadrichromie). On exporte donc les livrables en colorimétrique CMJN avec un profil ICC conforme à la condition d’impression (papier couché/non couché, offset, etc.).
À retenir pour votre design graphique : concevez en RVB, puis convertissez en CMJN au moment de l’export en appliquant le bon profil et en contrôlant les nuances de couleurs par épreuvage (soft‑proof).
Pourquoi les deux mondes diffèrent : synthèse additive vs soustractive
RVB (additive) : la lumière des pixels (rouge, vert et bleu) se combine pour créer les couleurs RVB plus on ajoute de lumière, plus l’image tend vers le blanc. C’est le modèle des écrans, caméras, téléviseurs.
CMJN (soustractive) : l’encre absorbe la lumière réfléchie par le papier. En mélangeant CMJN, on retire de la lumière ; plus on accumule d’encre, plus on tend vers le noir et blanc (noir profond en print). C’est le modèle de l’impression.
Côté Web, sRGB est le standard par défaut et reste l’hypothèse implicite si aucun profil n’est intégré.
Méthode Moiré : déclinaison de la charte graphique en 6 étapes
1) Fonder la charte sur l’image de marque
Clarifiez la promesse, le ton et les éléments graphiques (logo, grilles, iconographie). Une bonne charte documente les règles de design graphique et les usages pour chaque canal (print/digital).
2) Construire une palette « mère » robuste
Définissez vos couleurs maîtresses dans un espace perceptuel moderne (ex. OKLCH) pour des nuances de couleurs stables, puis dérivez les équivalents sRGB (digital) et CMJN (print). La spécification CSS Color 4 introduit oklch(), pratique pour documenter précisément les teintes.
3) Digital : sRGB en base, Display‑P3 si disponible
- Palette primaire en sRGB, testée sur écrans d’ordinateur standard.
- Variante wide‑gamut (Display‑P3) pour les devices compatibles, via color(display-p3 …) et fallback sRGB.
- Documentez cela dans la charte pour éviter les divergences d’affichage des couleurs.
4) Print : CMJN + profils ICC
- Associez chaque famille de papiers/techniques à un profil (ex. PSO Coated v3 pour couchés – FOGRA51, ISO 12647‑2:2013).
- Spécifiez les limites d’encrage (TAC), le mode colorimétrique utilisé et le profil ICC à intégrer dans les PDF.
- Validez par épreuvage écran (soft‑proof) et BAT avec l’imprimeur.
5) Accessibilité et noir et blanc
Intégrez des jeux noir et blanc / monochromes et contrôlez les contrastes textes/fonds : au moins 4,5:1 (AA) ou 7:1 (AAA) selon la WCAG.
Documentez des paires de couleurs “safe” dans la charte.
6) Gouvernance et fichiers sources
Précisez les image mode recommandés dans les logiciels (Photoshop et InDesign) : travailler en RVB, retoucher, puis convertir en CMJN à la fin, avec épreuvage et règles de gestion des couleurs (profils de document).
Pourquoi travailler avec Agence Moiré ?
Parce que vous attendez une réalisation de qualité et techniquement solide. Notre équipe fiabilise vos déclinaisons print et digital : cadrage des espaces colorimétriques, documentation de vos éléments graphiques, contrôles d’affichage des couleurs et accompagnement auprès des imprimeurs.
Prendre contact
Un projet ? Un besoin ? Nous cadrons rapidement les bons canaux, un plan de mise en place et les KPIs qui importent.
Bonnes pratiques techniques (profils ICC, image mode, accessibilité)
- Travailler en RVB, convertir en CMJN à l’export. Cette approche garde le plus grand espace colorimétrique pendant la création, puis applique la séparation des couleurs au dernier moment ; utilisez l’épreuvage pour simuler la sortie CMJN.
- Intégrer les profils ICC (documents & exports) et standardiser par marché (ex. PSO Coated v3 / FOGRA51 pour couchés, PSO Uncoated pour non couchés). Centralisez ces réglages dans la charte.
- CSS moderne côté Web. Définissez la couleur également via color() (CSS Color 4/5). Vous pourrez cibler display-p3 et, côté impression CSS, suivre l’évolution de device-cmyk() (Color 5) à documenter comme “expérimental”.
- Contraste & variantes. Pour le noir et blanc et les déclinaisons de couleurs primaires, vérifiez la lisibilité (4,5:1) et proposez des paires alternatives “accessibles” dans la charte.
- Gérer l’affichage des couleurs. Tous les collaborateurs ne disposent pas d’écrans wide‑gamut, d’où l’intérêt de fournir à la fois sRGB et P3, et de préciser des éléments graphiques de repli (ombres moins saturées, dégradés sobres). Les navigateurs modernes supportent display-p3 via color() de plus en plus largement.
Erreurs fréquentes à éviter
- Confondre RVB et CMJN : exporter une affiche RVB peut provoquer des décalages (couleurs trop vives à l’écran, ternes imprimées). RVB ou CMJN n’est pas un débat esthétique mais un choix technique dicté par le support.
- Oublier le profil ICC : un PDF sans profil embarqué = interprétation aléatoire côté imprimeur. Associez toujours le bon profil ICC.
- Ignorer l’accessibilité : un contraste insuffisant pénalise la lecture et la conformité WCAG.
- Sur‑multiplier les teintes : limitez vos couleurs primaires et définissez des échelles de nuances de couleurs (50/100/200…) pour garder de la cohérence cross‑canal.
- Négliger l’“image mode” : travailler directement en CMJN dès la retouche limite la palette ; gardez RVB jusqu’à la fin, puis convertissez proprement.
Checklist opérationnelle
- Charte graphique : inclut‑elle une section “déclinaisons print digital” avec couleurs sRGB (et option Display‑P3) + équivalents CMJN (valeurs, limitation d’encrage, surimpression, profils ICC) ?
- Tokens couleur : définis en rgb()/color(display-p3 …) + équivalents CMJN documentés.
- Accessibilité : paires conformes (4,5:1 / 7:1), alternatives noir et blanc listées.
- Fichiers sources : image mode RVB pour la création ; épreuvage CMJN activé ; conversion à l’export.
- Production : PDF/X‑4 avec profil ICC intégré (ex. PSO Coated v3 pour cartes de visite sur couché).
Sources